Concours du meilleur ouvrier de France (GR XI – Cl.1)

Inutile de présenter les Meilleurs Ouvriers de France, le titre en lui-même est suffisamment prestigieux pour, avec le temps et leur présence dans 220 métiers, ne pas être ignorés du grand public.

Une parenthèse pour examiner son chemin depuis sa création.

L’idée du concours date de 1913 avec l’objectif de sortir de l’anonymat de très bons ouvriers, et de les intégrer dans l’enseignement technique. Toutes les disciplines techniques étaient concernées; on y trouvait les dactylos, comptables, commis en papeterie, préparateurs en pharmacie, chimistes, etc. Sous cette organisation, le premier concours eut lieu en 1923 et les sujets présentés restaient à l’entière initiative des candidats. Notre profession y était représentée et un souffleur de verre au chalumeau obtint le titre de  »1er Ouvrier de France ». Il s’agissait de Henri Vigreux, alors chimiste, devenu souffleur de verre par nécessité, mettant au point dans l’Ecole de Chimie de la rue Curie à Paris, de nombreux appareillages de distillation en cristal. Puis en raison de sa notoriété, il a fait des démonstrations dans les facultés de province. Il est d’ailleurs venu à Lyon en 1929. Son message, après être sortie de l’anonymat, était de  » transmettre ».

Dès cette époque, notre métier, avec la commercialisation du Pyrex se développait. Les concours continuèrent tous les trois ans avec des sujets libres correspondant à l’évolution de la demande qui incitait à créer, particulièrement en chimie organique. A partir de 1952, on note l’évolution dans le sens de la maîtrise par une épreuve supplémentaire précédant l’autorisation de réaliser un chef-d’œuvre. Il s’agissait d’une épreuve en loge consistant, durant une demi-journée, de travailler un sujet imposé devant les membres de la profession. Et, en cette occasion, il y avait du monde pour voir à l’œuvre ces postulants en titre. C’était la fête. Encore une fois, l’ouvrier sortait de son anonymat; dès lors qu’il était apprécié par sa rapidité d’analyse et d’exécution tout en soignant la qualité. Ces conditions de sélections marquent définitivement l’ouvrier lui inculquant un certains sens de la compétition  »vite et bien », qualité acquise par de nombreuse heures d’entraînement à parfaire certains gestes et gagner du temps par des méthodes plus rationnelles. Puis en 1965, le concours revient à l’exécution de l’œuvre libre. Mais c’était une époque faste où la verrerie avait tout à inventer, la recherche en Université étant son inspiratrice.

De nos jours le concours en verrerie scientifique est soumis à un sujet imposé. Les concours suivants virent le nombre de candidats nettement diminuer, les raisons restant à expliquer : serait-ce une motivation émoussée et une prise de risque diminuant, ou même cette demande créatrice qui elle-même diminue. Les créations d’ateliers disparaissent, peut-être influencées par l’arrivée d’entreprise plus orientées sur la grande commercialisation et au détriment de la promotion du verre. 1989, le 18 ème concours est en cours; on essaye de stimuler les souffleurs d’enseignes sur un thème décoratif et futuriste leur permettant de mettre leur métier en valeur. De même pour la verrerie artistique et le laboratoire.

Nombre de candidats inscrits: 5
Nombre de candidats en cours de travail: 1
C’est peu malgré une publicité faite sur journaux professionnels, circulaires à l’école et dans les entreprises. Le message ne passe pas; l’information n’est pas transmise. C’est grave!

Et pourtant, nous arrivons à l’horizon 1992 qui obligera toutes les entreprises à améliorer leur compétitivité, ce qui doit se traduire déjà par un travail quotidien sur la qualité et les coûts. La richesse d’une entreprise est sa ressource humaine. L’évolution ne va donc qu’accentuer le besoin de gens bien formés, ouverts et adaptables, dynamisés continuellement. De même, les hommes devront aussi travailler de plus en plus en équipe et savoir utiliser des méthodes encore non exploitées.

Tous les gouvernements axent leur politique sur la formation, car la concurrence entre pays sera vive. Si nous ne détenons pas certains savoirs, nous devrons exécuter celui des autres.

Aussi à chaque échelon de nos activités et chaque fois que nous avons l’occasion de penser formation, il faut tout faire pour y parvenir; Un titre de  »Meilleur Ouvrier de France » en est une possibilité. Il n’est pas une finalité, mais au contraire, un état d’esprit qui pousse à s’améliorer, communiquer et transmettre. Les prochains concours vont être modifiés afin d’élever le niveau où la fonction de transformateur de la matière se verra complétée d’une micro-thèse sur le sujet présenté. Encore une fois, la formation intellectuelle doit être privilégiée. Aussi, faisons attention de ne plus confier le métier à un personnel moyen, à terme limité, mais au contraire d’un niveau de culture générale le plus élevé possible; ceci est vital si nous ne voulons pas disparaître. Et puis, apprenons à savoir faire parler de nous, dans le cadre de manifestations ou de récompenses prestigieuses, car la clientèle ne songera à nous utiliser que si nous sommes capables de créer et de lui faire savoir.

Pierre PIGNAT

Liens : des M.O.F. :

https://www.meilleursouvriersdefrance.fr/

Ci-dessous les œuvres d’une partie des Meilleurs Ouvrier de France.


1er Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Travail en tube cristal Diamètre 25 au chalumeau gaz/air

Henry VIGREUX  (75) Paris


Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Paul PIGNAT  (Le fondateur)


Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Générateur d’eau bi-distillé entièrement réalise à la main gaz/oxygène


Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Daniel JAMBON (69) Lyon


Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Trois flacons au sommet dont le contenu peut se déverser, après un passage dans des serpentins, par trois robinets situés à la base

Alain GREMY (45) Orléans


Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Yves BORREL  (78) Senlisse


Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Pièce en quartz

Christian FERFER (WQS) (69) Lyon


Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Pièce en quartz

Jean-Marc CRAVERO (ALCQuartz)


Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Générateur d’eau Distillée

Béatrice GARRANAS (Ets Pygnat) (69) Lyon


 

Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Jean-Michel WIERNIEZKY

ECOLE POLYTECHNIQUE – DGAR (71) Palaiseau

Stéphane LOUIS

UNIVERSITE Paris-Sud-Pharmacie (92) CHATENAY-MALABRY

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Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Charles LANEL

Université de Rouen (76) Mont-Saint-Aignan


 

Concours du Meilleur Ouvrier de France en Verrerie Scientifique

Adrien Lanel

CNRS – LCS / LCMT        CAEN